L’art du pixel est une technique très populaire dans le secteur des jeux vidéo. Si l’on pense tout de suite à ces bons vieux Super Mario ou Space Invaders, il continue de se faire une place de nos jours notamment du côté des jeux indépendants. Il est donc très probable que vous ayez été exposé à cette forme d’art, que ce soit dans votre enfance ou bien si vous vous intéressez à ce médium qui a tant à offrir !
Même hors des jeux vidéos, il n’y a pas besoin de beaucoup de recherches pour tomber sur des représentations en pixel art qui sont souvent utilisées pour mettre en avant la pop culture.
Alors si c’est quelque chose qui vous intéresse et que vous sentez l’âme d’un artiste, vous avez peut-être déjà eu envie d’en faire vous-même. C’est donc le moment de se demander ce qu’est le pixel art.
Qu’est-ce que le Pixel Art ?
Il y a une question qu’il serait juste de se poser : jusqu’où estime-t-on qu’une œuvre est en pixel art ? Après tout, tout ce que vous regardez sur votre écran d’ordinateur, votre tablette ou votre téléphone est composé de pixels – même s’il y en a un très grand nombre. Tout art numérique est par définition du pixel art car constitué de pixels !
C’est un argument qui est techniquement valable mais avec ce postulat, on ne va pas très loin ! C’est la raison pour laquelle lorsque l’on parle de « pixel art », on se réfère à un certain type d’œuvre d’art où les pixels (de petits carrés de couleur unie) sont apparents et le plus souvent utilisé dans le domaine des jeux vidéo.
Cette forme d’art est comparable à de la mosaïque en ce sens qu’elle met l’accent sur l’utilisation de petites pièces placées une à une pour construire une œuvre d’art plus grande.
Quel logiciel pour faire du Pixel Art ?
D’ailleurs, si vous voulez en réaliser la seule contrainte serait que votre logiciel de dessin doit permettre de créer pixel par un pixel. De ce côté-là, pas d’inquiétude car la majorité des programmes d’édition d’images disposent de cette fonctionnalité. On ne vous conseille pas forcément de vous lancer de pixel art depuis MS Paint mais dans l’absolu, ça se fait !
De manière générale, sur Windows, vous ne manquerez pas de choix en termes de logiciels de graphismes classiques. Vous n’avez pas besoin de chercher toutes les fonctionnalités poussées dont on pourrait avoir besoin dans la retouche photo par exemple – on veut être au plus près du pixel ! Ainsi vous pouvez aussi aller vers des applications spécialisées qui vous donnent toutes les clefs pour réussir vos premières œuvres pixélisées comme Aseprite.
Quelles méthodes pour faire du Pixel Art ?
La palette de couleurs des peintures en pixels est souvent limitée. Sur les premières consoles, le nombre de couleurs était limité par les capacités des machines ou des écrans d’ordinateur. C’est la raison pour laquelle on utilisait la technique du tramage, c’est-à-dire un échelonnement de deux couleurs pour créer un mélange sans utiliser de couleurs supplémentaires.
La technique employée par l’artiste, telle que la densité du tramage ou le style d’échelonnement des pixels, influe sur la fluidité du mélange des couleurs. Elle s’apparente en quelque sorte à la pratique du pointillisme en termes de style.
L’anticrénelage est une autre méthode employée. Elle permet à un objet ou à un sprite de jeu vidéo de se fondre facilement dans son environnement ou dans un autre objet. Vous pouvez très bien vous en passer si l’esthétique recherchée le demande mais cela reste tout de même très pratique. Avec cette technique, il est très facile de faire en sorte qu’un sprite se détache visuellement de l’arrière-plan pour ajouter de la lisibilité. Cela peut prendre la forme d’arrière-plans pré-rendus mais aussi d’autres travaux artistiques variés.
Ces deux méthodes peuvent être réalisées manuellement ou à l’aide d’outils intégrés à vos logiciels de dessin préférés. Photoshop – pour parler du plus connu – offre des choix de limitation de palette, de tramage et des options d’anticrénelage lors de l’enregistrement d’un dessin au format GIF ou PNG.
D’ailleurs, sachez que ces formats sont parfaits pour sauvegarder du pixel art car le JPEG a une vilaine tendance à ajouter des artefacts qui affectent la qualité du dessin. En choisissant un des deux premiers, vous pourrez plus facilement agrandir vos images sans perdre leurs bords nets grâce aux capacités de redimensionnement du programme.
Que signifie le terme « 8 bits » ?
Que les dessins inspirés du pixel art soient réellement 8 bits ou non, on va souvent les désigner comme tel par abus de langage. Le « 8 bits » fait en fait référence à la palette de couleurs utilisée. Prenons l’exemple d’une bonne vieille console 8 bits, la NES qui pouvait donc afficher jusqu’à 256 couleurs différentes.
Parlons un peu technique : 8 correspondait la quantité maximale d’entiers qui pouvait être stockée par cette machine – or chaque couleur était basée sur une collection de huit d’entre eux. Afin de fournir 256 couleurs affichables, le profil de couleur utilisé contenait 3 bits (ou octets de données) pour le rouge, 3 bits pour le vert et 2 bits pour le bleu.
Ce n’était pas la seule contrainte imposée par les premières consoles mais cela leur a permis de pouvoir afficher une grande variété de couleurs et d’animations de manière assez performantes.
Les premières consoles 16 bits des années 1990, dont la Super Nintendo et la Sega Genesis, ont porté le nombre d’écrans couleur à 65 536, ce qui fut une petite révolution. On arrivait tout de suite à générer des œuvres vidéoludiques plus complexes et cela n’a eu de cesse d’augmenter.
Au moment où les graphismes 32 bits puis 64 bits ont été introduits sur les consoles et les PC, on commençait à voir apparaître des travaux générés en 3D ! C’est alors l’apparition de jeux comme Doom ou Mario 64 qui ont fait se détourner l’industrie du simple pixel, préférant les possibilités offertes par les polygones. De nos jours, le pixel art se trouve surtout du côté des développeurs indépendants.
Qu’est-ce que du pixel art isométrique ?
Rappelez vous certains vieux shoot ‘em up comme Contra qui présentent un défilement latéral de l’écran – une classique pour l’époque (1980). Vous pouvez constater une particularité : l’image est de profil alors qu’il n’y a pas de point de fuite.
Dans ces jeux, la perspective “juste” est totalement absente. Il en va de même pour les premiers jeux Super Mario Bros. En outre, dans des jeux en vue de dessus comme The Legend of Zelda : A Link to the Past permettent aux joueurs de regarder à l’intérieur des structures. Bien que les personnages du jeu et les images affichées aient une dimension supplémentaire, l’aspect général reste plat par rapport à ce que l’on retrouvera en 3D des années plus tard.
Lorsque quelqu’un dit que le pixel art est « isométrique », il fait en fait référence à un style de projection parallèle appelé « projection dimétrique », qui prend un aspect de 3/4. Ce n’est pas de la vraie 3D mais cela n’a pas un aspect plat pour autant.
Le classique « Q*Bert » de 1982 en est un exemple bien connu. Les niveaux sur lesquels Q*Bert saute montrent le haut et les deux côtés de chaque boîte, même si le personnage est plat – on est alors face à une sorte de perspective en diagonale.
Une vue latérale ou de dessus est plus simple à créer qu’un pixel art isométrique ou dimétrique. Afin d’éviter que leurs lignes verticales, horizontales et diagonales ne s’égarent dans une perspective incorrecte, les créateurs de pixel art aiment se créer une grille.
Cela nécessite une certaine planification, des mesures et une compréhension des formes, de l’espace et de leur coordination afin de construire des objets, des sprites et des environnements corrects. C’est à peu près comparable à la gestion de la perspective dans le dessin technique.
Nous pouvons aussi parler de la projection en perspective, qui est plus simple à réaliser pour un artiste travaillant dans un environnement 3D car cela exploite un type d’espace plus proche du réel. Ce dernier a remplacé le pixel art isométrique à mesure que les graphismes 3D sont devenus plus populaires.
Qu’en est-il des applications du pixel art hors du jeu vidéo ?
Ça ne vous a sûrement pas échappé : à la rédaction, on aime le jeu vidéo ! Ce sujet était le moment idéal pour en parler quelque peu mais peut-être que ce n’est pas ce qui vous intéresse. Le jeux vidéo est en effet l’application principale du pixel art mais il n’en est pas moins un genre artistique à part entière !
Si l’on peut trouver des utilisations plus ou moins obscures autour des concepteurs de poupées dans les années 1990 – 2000, notamment du côté de l’Asie, ce n’est pas quelque chose qui est très connu par chez nous.
En revanche, quelque chose qui est resté ancré dans notre culture c’est l’usage détourné pour en faire des émoticônes ou des kaoani (terme japonais formé à partir des mots « kao » pour « visage » et « ani » pour « animé ») qui ont été initialement produits au format pixel. Ils étaient parfois animés, permettant aux utilisateurs des premiers médias sociaux et messageries instantanées de communiquer des humeurs ou des pensées avec un peu plus de vie.
On retrouve aussi l’art du pixel dans des domaines un peu plus pro par exemple dans la conception de logos informatiques des années 1990 – ou la souris de votre ordinateur. Par contre, de nos jours, on a tendance à préférer les images vectorielles au pixel art pour des raisons pratiques d’adaptation aux résolutions d’écrans.
Exploiter la nostalgie dans l’art
Les artistes nostalgiques des jeux vidéo de leur jeunesse apprécient souvent créer des illustrations pour l’amour de l’art, en mettant de côté les dernières technologies. Peut-être avez-vous déjà croisé des mosaïques aux inspirations rétro dans votre ville qui vous ont rappelé cette belle époque où chaque nouveau jeu était une nouveauté absolue.
Il existe divers mouvements et groupes d’artistes qui s’inscrivent dans une sorte de mouvement de préservation du passé à travers l’art (ou toute autre production basée sur le style). La création d’œuvres qui rappellent des temps révolus nous permet d’interagir avec eux en nous rappelant les expériences que nous avons vécues avec les anciennes formes de médias sociaux, de navigateurs internet et de jeux vidéo.
Mais vous n’avez pas besoin de vous sentir engagé dans une cause pour faire du Pixel Art ! Apprécier ces designs (pas toujours si simpliste) aux pixels apparents est un droit. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de jeunes qui n’ont pas connu les premiers pas des jeux vidéos continuent pourtant de se faire séduire par des productions indépendantes à la résolution limitée.